Les saisons polliniques


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     Le pollen étant la cause des allergies aux pollens, il est logique que celles-ci soient liées à la pollinisation.
L’ « allergénicité 1» des grains de pollens dépend de la quantité émise dans l’atmosphère. Cela signifie qu’il existe un seuil de concentration, qui peut varier d’un individu à un autre, au-dessous duquel  aucune manifestation allergique ne sera constatée. Le taux de pollinisation est donc un critère dont dépend  le risque allergique d’exposition ; soit la vulnérabilité2 d’une personne allergique face à la présence des allergènes en cause (dans le cas qui nous intéresse, les pollens.)
Au cours de l’année, divers pollens se succèdent dans l’air selon un ordre plutôt stable que l’on peut définir en fonction des mois. On parle par conséquent de « saisons polliniques ».




Les différentes périodes de pollinisation


     La saison des arbres est la première saison pollinique.  Elle débute au cours du mois de janvier dans le sud de la France tout d’abord puis se prolonge en mai. On compte six grandes familles d’arbres à l’origine de réactions allergiques : les Bétulacées (bouleau, noisetier, charme, …), les Cupressacées (cyprès, thuya, …) , les Fagacées (châtaignier, chêne, …), les Oléacées (frêne, olivier, …), les Pinacées (sapins, pin, …), les Platanacées (platane)
Les pollens d’arbres sont anémophiles.
Les cartes ci-dessous représentent respectivement de gauche à droite la pollinisation des pollens de cyprès et de bouleau dans l’Europe. La couleur verte correspond à un taux de pollinisation modérée, le violet un fort taux et le rouge un taux très élevé.

 

                 
 
(« Le temps des pollens guide de l’allergie aux plantes », docteur Michel Miguéres, Corinne Brossard et Laurence Ladevie, éditions Privat)




 
 
 Viens ensuite la saison des graminées,      la plus connue. Sa pollinisation s’étend de fin mars à fin août avec
l
es fourragères (pâturin, fléole, dactyle, …) et les céréalières (avoine, orge, blé, maïs, riz,…). Elles se retrouvent à peu près partout dans les jardins, pelouses, prairies mais aussi cultures ; par conséquent cette famille rassemble des espèces constituant la base de l’alimentation humaine et animale. 
Il suffit de seulement plus de quarante grains de pollens de graminées par mètre cube d’air pour qu’une réaction allergique puisse se manifester.
les graminées sont anémophiles.

                                                                  

 
   
 


  
    La dernière saison est celle des herbacées qui s’étend sur une très longue période : de mars à septembre.
Les herbacées sont des plantes vivaces qui regroupent diverses familles botaniques telles que les Astéracées (citronnelle, estragon, armoise, ambroisie, etc.), ainsi que les Urticacées (pariétaire, etc.)
La carte  ci-contre représente la pollinisation des ambroisies sur toute l’Europe.
La dispersion des pollens des herbacés est essentiellement anémophile.
 

  

 




 Avec les acariens de la poussière, les pollens de bouleau, de graminées et d’ambroisie couvrent à eux seuls 80% des cas allergiques ! Ces pollens ont donc un fort potentiel allergisant
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en comparaison avec d’autres. En effet, il faut savoir que tous les pollens ne sont pas allergisants.


 

Le potentiel allergisant des pollens

 

    Le potentiel allergisant est établi sur une échelle de 0 (potentiel nul), à 5 (potentiel très fort). Il dépend de la quantité de pollens émise par la plante, de la taille du grain, son mode de transport (les pollens anémophiles sont la cause principale des allergies) ainsi que du taux de protéines4 allergisantes contenues dans un seul grain de pollen. En effet, les patients ne sont pas allergiques aux grains de pollens en tant que tels mais à des séquences d’acides aminés des protéines qui les constituent.

Tableau comparatif du potentiel allergisant chez diverses plantes
(RNSA)

Le tableau ci-dessus peut permettre d’établir des relations de cause à effet entre la taille et le potentiel allergisant. Prenons deux exemples  de pollens anémophiles : le pin et le bouleau. Le pollen de bouleau est très fin et très léger ; il peut donc être transporté par le vent sur des milliers de kilomètres et a un potentiel allergisant maximal. A l’inverse, les pollens de pin, bien qu’anémophiles, sont beaucoup plus lourds et retombent rapidement à proximité de leur source ; par conséquent leur pouvoir allergisant est très faible, voire nul. De plus, ce sont les pollens de faible calibre (entre 10 et 20 microns) qui pénètrent, grâce à leur petite taille, plus facilement les voies respiratoires.
               
  Les conditions pour qu’un pollen provoque des réactions allergiques sont donc variées.
Cependant, la localisation, durée, intensité, période d’apparition de la pollinisation sont autant de critères qui peuvent différer sous l’influence de la météorologie. Le risque allergique et la vulnérabilité de l’individu se trouvent par conséquent modifiés.



 

L’impact de la météorologie sur la pollinisation

 

  Le vent joue un rôle déterminant dans le transport des grains de pollens et par conséquent dans leur quantité dans l’air. Ainsi, par vent faible, le pollen est rapidement déposé à proximité de la plante alors que, lors d’un vent modéré à fort, les pollens sont maintenus en suspension, ce qui augmente leur concentration dans l’air. Cela explique pourquoi les pollens anémophiles sont ceux qui causent le plus d'allergies. 

 
    Les précipitations empêchent la libération des pollens et donc leur dispersion. Les polle
ns, rendus lourds par la pluie retombent presque aussitôt. De plus, lorsque les précipitations durent plusieurs jours, en saison pollinique, la plante garde le pollen qu’elle contient et ne l’évacue que lorsque les conditions sont plus favorables. Par conséquent le taux pollinique est très faible par temps de pluie, brouillard, brume, … mais lors du retour du soleil, le pollen sera libéré en grande quantité.
 

  Les orages brassent les pollens dans l’air, ce qui augmente leur concentration. De plus ils peuvent provoquer l’éclatement des grains de pollens qui libèrent alors des substances encore plus allergisantes ; notamment des petites granules d’amidon.
En juin 1955, les 84 hôpitaux du sud de l’Angleterre ont été envahis par des personnes se plaignant de difficultés respiratoires. Parmi les victimes de cet orage, se trouvent au premier plan les individus atteint des pollinoses.


 

  L’hiver, accompagné de périodes de gel, retarde la croissance des plantes et donc la pollinisation. Une forte amplitude thermique5 au sein d’une journée favorise la libération des grains de pollen. La température est donc un facteur qui peut accélérer ou, au contraire, freiner la dispersion des pollens.

  Le soleil favorise la pollinisation car la quantité de pollens libérés est proportionnelle à la durée d’ensoleillement, d’un minimum de cinq heures par jour.
Ainsi, les belles journées ensoleillées, avec des températures élevées et un  vent modéré, sont causes de nombreuses gênes chez les allergiques aux pollens.

 












Vocabulaire :

1 allergénicité : caractère spécifique d’un allergène

2 vulnérabilité : caractère de ce qui est vulnérable, soit ce qui peut être pris, attaqué

3 potentiel allergisant : capacité et intensité pour un pollen de provoquer une allergie

4 protéine : se présente sous longue forme de  molécules ; les protéines sont présentent dans tous les tissus de l’organisme

5 amplitude thermique : écart entre la température minimale et la température maximale

 




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